PARTIE I CHAPITRE V : LE TÉMOIGNAGE DE LA MER

PARTIE I.
CHAPITRE V.
LE TÉMOIGNAGE DE LA MER

Supposons que nous trouvions au milieu de l'Atlantique, face à la Méditerranée, dans le voisinage des Açores, les vestiges d'une île immense, engloutie sous la mer - d'un millier de kilomètres de large et de deux ou trois mille kilomètres de long - ne serait-on pas allé loin vers la confirmation de la déclaration de Platon selon laquelle, "au-delà du détroit où vous placez les Colonnes d'Hercule, il existait une île plus grande que l'Asie (Mineure) et la Libye réunies" appelée Atlantide ? Supposons que nous découvrions que les Açores étaient les sommets montagneux de cette île noyée, déchirée par d'énormes convulsions volcaniques ; tandis qu'autour d'elles, en descendant dans la mer, on trouve de grandes couches de lave ; et que toute la surface du pays englouti soit recouverte de débris volcaniques sur des milliers de kilomètres, ne serions-nous pas obligés d'avouer que ces faits nous fournissent de fortes preuves corroborant la véracité de la déclaration de Platon, " le jour et la nuit fatale, de puissants tremblements de terre et inondations ont frappé ce peuple puissant ? L'Atlantide disparut sous la mer ; puis cette mer devint inaccessible à cause de la quantité de boue que l'île engloutie laissa à sa place."


CARTE DE L'ATLANTIDE, AVEC SES ÎLES ET SES CRÊTES DE LIAISON, À PARTIR DE SONDAGES EN HAUTE MER

Et toutes ces choses ont fait l'objet d'une enquête récente qui s'est révélée concluante. Des sondages en haute mer ont été effectués par des navires de différentes nations ; le navire américain Dolphin, la frégate allemande Gazelle et les navires britanniques Hydra, Porcupine et Challenger ont cartographié le fond de l'Atlantique, avec pour résultat la révélation d'une grande élévation, allant d'un point sur la côte des îles britanniques vers le sud jusqu'à la côte sud-américaine, au cap Orange, puis vers le sud-est jusqu'à la côte africaine et de là vers le sud à Tristan d'Acunha. Je présente ici une carte montrant le profil de cette élévation, et une autre carte, montrant les contours du terrain submergé. Elle s'élève à environ 9000 pieds au-dessus des grandes profondeurs de l'Atlantique qui l'entourent, et dans les Açores, les rochers Saint-Paul, les îles de l'Ascension et Tristan d'Acunha, elle atteint la surface de l'océan.
La preuve que cette élévation était autrefois une terre émergée réside dans le fait que " les inégalités, les montagnes et les vallées de sa surface n'ont pas pu être produites conformément aux lois sur le dépôt de sédiments, ni par élévation sous-marine ; mais, au contraire, ont dû être sculptées par des organismes agissant au-dessus du niveau de l'eau ". (Scientific American, 28 juillet 1877.)
M. J. Starke Gardner, l'éminent géologue anglais, est d'avis qu'à l'époque éocène, une grande étendue de terre existait à l'ouest des Cornouailles. Se référant à l'emplacement des crêtes sous-marines "Dolphin" et "Challenger", il affirme qu'"une grande étendue de terre existait autrefois là où se trouve aujourd'hui la mer, et que les Cornouailles, les îles Scilly et la Manche, l'Irlande et la Bretagne sont les restes de ses plus hauts sommets". (Popular Science Review, juillet 1878.)
Les parties les plus profondes de l'océan, 3500 brasses de profondeur, représentent les parties qui ont coulé en premier, à savoir les plaines à l'est et à l'ouest de la chaîne centrale de montagnes ; certains des sommets les plus élevés de cette chaîne, les Açores, St. Paul, l'Ascension, Tristan d'Acunba - sont toujours au-dessus du niveau de l'océan ; tandis que la plus grande partie de l'Atlantide se trouve à quelques centaines de brasses sous la mer. Par ces "crêtes de liaison", nous suivons la voie qui s'étendait autrefois entre le Nouveau et l'Ancien Monde, et par laquelle les plantes et les animaux passaient d'un continent à l'autre ; et par ces mêmes voies les hommes noirs voyageaient, comme nous allons le montrer ci-après, d'Afrique vers l'Amérique et les hommes rouges d'Amérique vers l'Afrique.
Et, comme je l'ai montré, le même phénomène qui a progressivement submergé le continent atlantique et élevé les terres à l'est et à l'ouest de celui-ci est toujours à l'œuvre : la côte du Groenland, qui peut être considérée comme l'extrémité nord du continent atlantique, continue à s'enfoncer "si rapidement que d'anciens bâtiments sur des îlots rocheux affleurants sont maintenant submergés, et que les habitants du Groenland ont appris par expérience à ne jamais construire près des eaux" ("North Amer. of Antiq", p. 504.) Le même affaissement se poursuit le long des côtes de la Caroline du Sud et de la Géorgie, tandis que le nord de l'Europe et la côte atlantique de l'Amérique du Sud s'élèvent rapidement. Au cours de ces dernières, on a identifié des plages surélevées de 1180 milles de longueur et de 100 à 1300 pieds de haut.
Lorsque ces crêtes de liaison s'étendaient de l'Amérique à l'Europe et à l'Afrique, elles bloquaient l'écoulement des eaux tropicales de l'océan vers le nord : il n'y avait alors pas de "Gulf Stream" ; l'océan enclavé qui s'étendait sur les côtes du nord de l'Europe était alors extrêmement froid ; et le résultat fut la période glaciaire. Lorsque les barrières de l'Atlantide se sont suffisamment enfoncées pour permettre l'expansion naturelle de l'eau chaude des tropiques vers le nord, la glace et la neige qui recouvraient l'Europe ont progressivement disparu ; le Gulf Stream s'écoula alors autour de l'Atlantide, et il conserve encore ce mouvement circulaire qui lui avait été donné par la présence de l'île.
Les officiers du Challenger ont trouvé toute la crête de l'Atlantide recouverte de dépôts volcaniques ; ce sont les boues affaissées qui, comme nous le dit Platon, ont rendu la mer impraticable après la destruction de l'île.
Il ne s'ensuit pas qu'au moment où l'Atlantide a finalement été engloutie, les crêtes qui la reliaient à l'Amérique et à l'Afrique se sont élevées au-dessus du niveau de l'eau ; elles se sont peut-être progressivement enfoncées dans la mer, ou se sont effondrés dans des cataclysmes tels que ceux qui décrits dans les livres d'Amérique centrale. L'Atlantide de Platon a peut-être été réduite alors à la "crête des dauphins" de notre carte.


ANCIENNES ÎLES ENTRE L'ATLANTIDE ET LA MÉDITERRANÉE, À PARTIR DE SONDAGES EN HAUTE MER

Le sloop américain Gettysburg a également fait des découvertes remarquables dans un domaine voisin. Je cite John James Wild (dans Nature, 1er mars 1877, p. 377) :
"La découverte récemment annoncée par le commandant Gorringe du sloop américain Gettysburg, qu'une série de sondages à la position N. 85° W.., et à une distance de 130 milles du cap Saint-Vincent, réalisés lors du dernier voyage du navire à travers l'Atlantique, mis en relation avec des sondages antérieurs obtenus dans la même région de l'Atlantique Nord, suggère l'existence probable d'une crête ou d'un plateau sous-marin reliant l'île de Madère aux côtes du Portugal, et la connexion aérienne probable de cette île avec l'extrémité sud-ouest de l'Europe, au temps préhistorique...". "Ces sondages révèlent l'existence d'un chenal d'une profondeur moyenne de 2000 à 3000 brasses, s'étendant vers le nord-est depuis son point d'origine entre Madère et les îles Canaries, vers le cap Saint-Vincent...... Le commandant Gorringe, à environ 150 milles du détroit de Gibraltar, a constaté que les sondages passèrent de 2 700 brasses à 1 600 brasses sur une distance de quelques milles. Les sondages suivants (distants de cinq milles l'un de l'autre) ont donné 900, 500, 400 et 100 brasses, et on finalement enregistré une profondeur de 32 brasses, dans laquelle le navire a mouillé l'ancre. Le fond était constitué de corail rose vivant, et la position du haut fond était à la latitude 36° 29' Nord, et à la longuitude 11° 33' Ouest."
La carte ci-dessus montre la position de ces élévations. Elles ont dû être à l'origine des îles, sortes de relais entre l'Atlantide et la côte de l'Europe.
Sir C. Wyville Thomson a découvert que les spécimens de la faune de la côte brésilienne, relevés par sa drague, sont similaires à ceux de la côte ouest de l'Europe du Sud. Cela s'explique par les crêtes de liaison qui s'étendent de l'Europe à l'Amérique du Sud.
Un membre de l'équipage du Challenger, à l'occasion d'une conférence donnée à Londres, peu après la fin de l'expédition, a indiqué que d'après lui le grand plateau sous-marin représente les restes de "l'Atlantide perdue".

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