PARTIE I CHAPITRE II : HISTOIRE DE L'ATLANTIDE DE PLATON

PARTIE I.
L'HISTOIRE DE L' ATLANTIDE
CHAPITRE II. 
L'HISTOIRE DE L'ATLANTIDE DE PLATON



Platon a conservé pour nous l'histoire de l'Atlantide. Si nos vues sont correctes, c'est l'un des documents les plus précieux qui nous soient parvenus depuis l'Antiquité. Platon vécu 400 ans avant la naissance du Christ. Solon son aïeul, était le grand législateur d'Athènes 600 ans avant l'ère chrétienne.  Solon s'est rendu en Égypte.  Plutarque a écrit : "Solon avait entrepris de mettre en vers l'histoire ou la fable des Atlantides, qu'il tenait des sages de Saïs, et qui intéressait les Athéniens. Mais il y renonça bientôt, non, comme Platon l'a dit, qu'il en fût détourné par d'autres occupations, mais plutôt à cause de sa vieillesse, et parce qu'il était effrayé de la longueur du travail ; car il vivait alors dans un très grand loisir, comme il le dit lui-même dans ses vers :
Oui, je vieillis en apprenant toujours;
et ailleurs :
Mes soins sont pour Bacchus, les Muses et Cypris : 
Des plaisirs des mortels ces dieux font tout le prix.
Platon s'emparant de ce sujet, comme d'une belle terre abandonnée et qui lui revenait par droit de parenté, se fit un point d'honneur de l'achever et de l'embellir. Il y mit un vestibule superbe, l'entoura d'une magnifique enceinte et de vastes cours, et y ajouta de si beaux ornements, qu'aucune histoire, aucune fable, aucun poème n'en eurent jamais de semblables. Mais il l'avait commencé trop tard; prévenu par la mort, il n'eut pas le temps de l'achever; et ce qui manque de cet ouvrage laisse aux lecteurs autant de regrets que ce qui en reste leur cause de plaisir."
Il ne fait aucun doute que Solon s'est rendu en Égypte.  Les causes de son départ d'Athènes, pour une période de dix ans, sont entièrement expliquées par Plutarque. Il nous dit:
"Sur les bras du Nil, aux rives de Canopée."
Là, il s'est entretenu sur des points de philosophie et d'histoire avec les plus savants des prêtres égyptiens. C'était un homme d'une extraordinaire force et profondeur d'esprit, comme en témoignent ses lois et ses paroles, qui nous ont été préservées. Il n'est pas improbable qu'il ait commencé en vers une histoire et une description de l'Atlantide qu'il a laissée inachevée à sa mort ; et il n'est pas nécessaire d'avoir beaucoup d'imagination pour penser que ce manuscrit a atteint les mains de son successeur et descendant, Platon, un savant, penseur et historien comme lui et, comme lui, un des plus profonds esprits du monde ancien. Le prêtre égyptien avait dit à Solon : "vous ne possédez aucune vieille tradition ni aucune science vénérable par son antiquité;" et Solon a sans doute réalisé pleinement l'immense importance d'un document qui ramenait l'histoire humaine, non seulement des milliers d'années avant l'époque de la civilisation grecque, mais des milliers d'années avant même la création du royaume d'Egypte ; et il tenait à préserver pour ses concitoyens à demi civilisés cet inestimable témoignage du passé.
Nous ne connaissons pas de meilleure façon de commencer un livre sur l'Atlantide que de donner l'intégralité du dossier conservé par Platon. Voici :

(texte du Timée dans sa traduction française de Victor Cousin NdT)
Critias:
 Écoute donc, Socrate, une histoire très étrange, et pourtant très véritable, que racontait jadis [20e] Solon, le plus sage des sept sages. Il était grand ami de mon bisaïeul Dropide, comme il le dit lui-même en plusieurs endroits de ses poésies. Il raconta à Critias mon aïeul, comme ce vieillard me le redit à son tour, que cette ville d'Athènes avait fait autrefois de grandes et admirables choses, aujourd'hui tombées dans l'oubli par la longueur du temps et la destruction des générations, [21a] mais une surtout dont le récit doit servir à la fois à satisfaire ton désir ...

Socrate:
 C'est bien dit. Mais qu'est-ce donc que cette chose que ton aïeul racontait, d'après Solon, non pas comme un conte fait à plaisir, mais comme un événement véritable?

Critias:
Je vais dire cette vieille histoire comme je l'ai entendu raconter par un homme qui lui-même n'était pas jeune. Car Critias n'était pas loin [21b] alors, à ce qu'il disait, de sa quatre- vingt-dixième année, et moi j'avais à peine atteint ma dixième. C'était le jour Curéotis des Apaturies, elles enfants y jouaient le rôle qu'ils ont coutume de jouer à cette fête. Nos pères avaient proposé des prix pour ceux qui réciteraient le mieux des vers. On chantait donc maints poème? de maints poètes, et les poésies de Solon étant alors nouvelles, beaucoup d'entre nous les chantèrent. Un de ceux de notre tribu dit alors, soit que véritablement ce fût son opinion, soit qu'il voulût faire plaisir à Critias, que Solon ne lui paraissait pas seulement [21c] le plus sage des hommes, mais aussi le plus noble de tous les poètes. Le vieux Critias, je m'en souviens, fut charmé de ce discours, et dit en souriant : Amynandros, si Solon n'eût pas fait de la poésie en passant, mais qu'il s'y fût livré sérieusement, comme d'autres l'ont fait, s'il eût achevé l'ouvrage qu'il avait rapporté d'Égypte, et si les factions et les autres maux qu'il trouva ici ne l'eussent contraint [21d] d'interrompre ses travaux, selon moi, ni Hésiode, ni Homère, ni aucun autre poète n'eût surpassé sa gloire. — Qu'était-ce donc, Critias, que cet ouvrage, dit Amynandros. — C'était le récit de l'action la plus grande que cette ville ait jamais accomplie, et qui devrait être aussi la plus renommée, mais dont le temps et la mort de ceux qui l'avaient faite n'ont pas permis que la tradition subsistât jusqu'à nous. — Raconte-moi dès le commencement, reprit l'autre, ce qu'en disait Solon, et comment et de qui il l'avait ouïe comme une histoire véritable.
"[21e] En Égypte, dit Critias, dans le Delta formé par le Nil qui, se divisant au sommet du triangle, l'enveloppe de ses bras, on trouve le Nome Saïtique dont la plus grande ville, Sais, est la patrie du roi Amasis. Les habitants ont pour protectrice de leur ville une déesse dont le nom égyptien est Neïth, et qui, suivant eux, est la même que l'Athéné des Grecs. Ils aiment beaucoup les Athéniens, et ils se disent de la même origine. Arrivé à Sais, Solon, comme il nous l'a raconté lui-même, [22a] fut fort bien reçu; il interrogea les prêtres les plus instruits sur l'histoire des temps anciens, et il reconnut qu'on pouvait presque dire qu'auprès de leur science, la sienne et celle de tous ses compatriotes n'était rien. Un jour, voulant engager les prêtres à parler de l'antiquité, il se mit à leur raconter ce que nous savons de plus ancien, Phoronée dit le Premier,  Niobé, le déluge de Deucalion [22b] et de Pyrrha, leur histoire et leur postérité, supputant le nombre des années et essayant ainsi de fixer l'époque des événements. Un des prêtres les plus âgés lui dit : O Solon, Solon, vous autres Grecs vous serez toujours enfants ; il n'y a pas de vieillards parmi vous. — Et pourquoi cela? répondit Solon. — Vous êtes tous, dit le prêtre, jeunes d'intelligence; vous ne possédez aucune vieille tradition ni aucune science vénérable par son antiquité. En [22c]  voici la raison. Le genre humain a subi et subira plusieurs destructions, les plus grandes par le feu et l'eau, et les moindres par mille autres causes. Ce qu'on raconte chez vous de Phaéton, fils du Soleil, qui, voulant conduire le char de son père et ne pouvant le maintenir dans la route ordinaire, embrasa la terre et périt lui-même frappé de la foudre, a toute l'apparence d'une fable; ce qu'il y a [22d] de vrai, c'est que dans les mouvements des astres autour de la terre, il peut, à de longs intervalles de temps, arriver des catastrophes où tout ce qui se trouve sur la terre est détruit par le feu. Alors les habitants des montagnes et des lieux secs et élevés périssent plutôt que ceux qui habitent près des fleuves et sur les bords de la mer. Pour nous, le Nil nous sauve de cette calamité comme de beaucoup d'autres, par le débordement de ses eaux. Quand les dieux purifient la terre par un déluge, les bergers et les bouviers font à l'abri sur leurs montagnes, tandis que les habitants de vos villes [22e] sont entraînés par les torrents dans la mer. Chez nous, au contraire, jamais les eaux ne descendent d'en haut pour inonder nos campagnes : elles nous jaillissent du sein de la terre. Voilà pourquoi nous avons conservé les monuments les plus anciens. En tout pays, le genre humain subsiste toujours en nombre plus ou moins considérable, [23a] à moins qu'un froid ou une chaleur extrême ne s'y oppose. Tout ce que nous connaissons, chez vous ou ici ou ailleurs, d'événements glorieux, importants ou remarquables sous d'autres rapports, tout cela existe chez nous, consigné par écrit et conservé dans nos temples depuis un temps immémorial. Mais en Grèce à peine a-t-on constaté vos actions et celles des autres peuples, soit par écrit, ou par tout autre moyen en usage dans des états civilisés, que les eaux du ciel viennent périodiquement fondre sur vous comme un fléau, ne laissant survivre que des, hommes sans lettres [23b] et sans instruction ; de sorte que vous voilà de nouveau dans l'enfance, ignorant ce qui s'est passé dans l'antiquité chez vous aussi bien que chez nous. Vraiment, Solon, les généalogies que tu viens d'énumérer diffèrent peu de fables puériles. D'abord, vous ne parlez que d'un seul déluge, quoiqu'il y en ait en plusieurs auparavant ; puis, la plus belle et la plus vaillante race qui ait jamais existé dans votre pays, vous n'en faites pas mention, bien que toi-même et [23c] tous tes compatriotes aujourd'hui vous tiriez votre origine d'un des germes de cette race échappé au commun désastre. Vous ignorez tout cela, parce que les survivants et leurs descendants demeurèrent longtemps sans avoir la connaissance des lettres. Car déjà autrefois, Solon, avant la grande destruction opérée par le déluge, la ville qui est aujourd'hui Athènes, excellait dans la guerre; elle était renommée par la perfection de ses lois; et ses actions et son gouvernement l'élevaient au-dessus de toutes les cités que nous ayons connues sous [23d] le ciel.
Solon nous raconta qu'étonné de ce discours, il conjura les prêtres de lui apprendre exactement tout ce qu'ils savaient de l'histoire de ses aïeux. Je ne t'en ferai pas un secret, Solon, répliqua le vieux prêtre ; je satisferai ta curiosité, par égard pour toi et pour ta patrie, et surtout pour honorer la déesse, notre commune protectrice, qui a élevé et institué votre ville ainsi que la nôtre, [23e] Athènes issue de la Terre et de Vulcain et Saïs mille ans après. Depuis l'établissement de notre ville, nos livres sacrés parlent d'un espace de huit mille années. Je vais donc t'entretenir sommairement des lois et des plus beaux exploits des Athéniens pendant ces neuf mille ans. Une autre fois, quand nous en aurons le loisir, nous suivrons dans les livres [24a]  mêmes les détails de cette histoire. En premier lieu, si tu compares vos lois avec les nôtres, tu verras qu'un grand nombre de celles qui existaient autrefois chez vous sont aujourd'hui en vigueur parmi nous. D'abord, la classe des prêtres  séparée des autres classes; puis celle des artisans dans laquelle chaque profession travaille à part, sans se mêler avec aucune autre; enfin la classe des bergers, celle des chasseurs [24b] et celle des laboureurs. Et tu le sais, la classe des guerriers est également séparée de toutes les autres, et la loi ne lui impose d'autre soin que celui de la guerre. De plus, les premiers en Asie, nous nous sommes servis des mêmes armes que vous, de la lance et du bouclier, instruits par la déesse qui vous les a données et ensuite les introduisit parmi nous. Quant à la science, tu vois qu'ici dès l'origine la loi en a réglé [24c]  l'étude, depuis les connaissances qui ont pour objet la nature entière jusqu'à la divination et la médecine, allant ainsi des sciences divines aux sciences humaines, et étendant son empire sur toutes celles qui dépendent de celles-là. Ainsi cette belle constitution, la déesse l'a établie d'abord parmi vous; elle a choisi pour votre ville le lieu où vous êtes né, sachant bien que la bonne température du pays produirait des hommes d'une heureuse intelligence. Aimant la guerre [24d] et la science, elle a fait choix d'un pays qui pût porter des hommes tout-à-fait semblables à elle-même. Sous ces lois et d'autres meilleures encore, vos ancêtres ont surpassé en vertu tous les hommes, comme il convenait à des fils et à des élèves des dieux. Or, parmi tant de grandes actions de votre ville, dont la mémoire se conserve dans nos livres, il y en a une surtout [24e] qu'il faut placer au-dessus de toutes les autres. Ces livres nous apprennent quelle puissante armée Athènes a détruite, armée qui, venue à travers la mer Atlantique, envahissait insolemment l'Europe et l'Asie; car cette mer était alors navigable, et il y avait au devant du détroit, que vous appelez les Colonnes d'Hercule, une île plus grande que la Libye et l'Asie. De cette île on pouvait facilement passer aux autres îles, et de celles-là [25a] à tout le continent qui borde tout autour la nier intérieure ; car ce qui est en deçà du détroit dont nous parlons ressemble à un port ayant une entrée étroite: mais c'est là une véritable mer, et la terre qui l'environne, un véritable continent. Dans cette île atlantide régnaient des rois d'une grande et merveilleuse puissance; ils avaient sous leur domination l'île entière, ainsi que plusieurs autres îles et quelques parties du continent. En outre, en deçà du détroit, ils régnaient encore [25b] sur la Libye jusqu'à l'Égypte, et sur l'Europe jusqu'à la Tyrrhénie. Toute cette puissance se réunit un jour pour asservir, d'un seul coup, notre pays, le vôtre et tous les peuples situés de ce côté du détroit. C'est alors qu'éclatèrent au grand jour la vertu et le courage d'Athènes. Cette ville avait obtenu, par sa valeur et sa supériorité dans l'art militaire, [25c] le commandement de tous les Hellènes. Mais, ceux-ci ayant été forcés de l'abandonner, elle brava seule les plus grands dangers, arrêta l'invasion, érigea des trophées, préserva de l'esclavage les peuples encore libres et rendit à une entière indépendance tous ceux qui, comme nous, demeurent en deçà des Colonnes d'Hercule. Dans la suite de grands tremblements de terre et des inondations engloutirent, en un seul [25d] jour et en une nuit fatale, tout ce qu'il y avait chez vous de guerriers ; l'île atlantide disparut sous la mer; aussi depuis ce temps la mer est-elle devenue inaccessible et a-t-elle cessé d'être navigable par la quantité de  limon que l'île abîmée a laissé à sa place." (Timée)....
"outre les divinités que tu as nommées, j’invoque encore toutes les autres, et surtout Mnémosyne ; car la plus grande partie de ce que j’ai à dire dépend d’elle ; et si la mémoire me rappelle fidèlement, et me permet de vous retracer les vieux écrits des prêtres égyptiens que Solon nous a apportés, je me flatte que le parterre trouvera ma tâche assez bien remplie. Ainsi, mettons-nous à l’œuvre sans plus de retard.
Remarquons d’abord que, selon la tradition égyptienne, il y a neuf mille ans qu’il s’éleva une guerre générale entre les peuples qui sont en deçà et ceux qui sont au delà des colonnes d’Hercule. Il faut que je vous la raconte. Athènes, notre patrie, fut à la tête de la première ligue, et à elle seule acheva toute cette guerre. L’autre était dirigée par les rois de l’Atlantide. Nous avons déjà dit que cette île était plus grande que l’Asie et l’Afrique, mais qu’elle a été submergée par des tremblements de terre, et qu’à sa place on ne rencontre plus qu’un limon qui arrête les navigateurs, et rend la mer impraticable. Dans le cours de mon récit, je parlerai à leur tour de tous les peuples grecs et barbares qui existaient alors : mais je dois commencer par les Athéniens et par leurs adversaires, et vous rendre compte de leurs forces et de leurs gouvernements. En suivant cette marche, c’est de notre ville que je dois m’occuper d’abord...
Or, dans les terribles inondations qui, durant les neuf mille ans écoulés jusqu’à ce jour, causèrent de vastes bouleversements, la terre, détachée des hauteurs par le cours des eaux, n’exhaussa point le sol comme en d’autres lieux, mais, en se roulant autour du rivage, alla se perdre dans les flots. Aussi, comme il arrive dans les longues maladies, notre pays, auprès de ce qu’il était autrefois, est devenu semblable à un corps malade tout décharné ; et la terre, se fondant de toutes parts, de grasse et de puissante qu’elle était, ne présente plus qu’un squelette aride...
"Maintenant, mes amis, je vais vous faire connaître la situation de leurs ennemis, en remontant aux commencements de leur histoire, si toutefois je n’ai pas perdu le souvenir de ce qui m’a été raconté dans mon enfance.
Je dois vous prévenir qu’il ne faut pas vous étonner de m’entendre souvent donner des noms grecs à des barbares : en voici la raison. Lorsque Solon songeait à faire passer ce récit dans ses poëmes, il s’enquit de la valeur des noms, et il trouva que les Égyptiens, qui les premiers écrivirent cette histoire, avaient traduit le sens de ces noms dans leur propre idiome ; à son tour, il ne s’attacha aussi qu’à ce sens, et le transporta dans notre langue. Ces manuscrits de Solon étaient chez mon père ; je les garde encore chez moi, et je les ai beaucoup étudiés dans mon enfance. Ne soyez donc pas surpris de m’entendre moi-même employer des noms grecs ; vous en savez la raison. Voici à peu près de quelle façon commençait cette longue histoire.
Nous avons déjà dit que quand les dieux se partagèrent le monde, chacun d’eux eut pour sa part une contrée, grande ou petite, dans laquelle il établit des temples et des sacrifices en son honneur. L’Atlantide étant donc échue à Neptune, il plaça dans une partie de cette île des enfants qu’il avait eus d’une mortelle. C’était une plaine située près de la mer et vers le milieu de l’île, la plus fertile des plaines. À cinquante stades plus loin, et toujours vers le milieu de l’île, était une montagne peu élevée. Là demeurait avec sa femme Leucippe, Événor, un des hommes que la terre avait autrefois engendrés. Ils n’avaient d’autre enfant qu’une fille, nommée Clito, qui était nubile quand ils moururent tous deux. Neptune en devint épris et s’unit à elle. Puis, pour clore et isoler de toutes parts la colline qu’elle habitait, il creusa alentour un triple fossé rempli d’eau, enserrant deux remparts dans ses replis inégaux, au centre de l’île, à une égale distance de la terre, ce qui rendait ce lieu inaccessible ; car on ne connaissait alors ni les vaisseaux, ni l’art de naviguer. En sa qualité de dieu, il embellit aisément l’île qu’il venait de former. Il y fit couler deux sources, l’une chaude et l’autre froide, et tira du sein de la terre des aliments variés et abondants. Cinq fois Clito le rendit père de deux jumeaux, qu’il éleva. Ensuite, ayant divisé l’île en dix parties, il donna à l’aîné du premier couple la demeure de sa mère, avec la riche et vaste campagne qui l’entourait ; il l’établit roi sur tous ses frères ; il fit au-dessous de lui chacun d’eux souverain d’un grand pays et de nombreuses populations. Il leur donna à tous des noms. L’aîné, le premier roi de cet empire, fut appelé Atlas, et c’est de lui que l’île entière et la mer Atlantique qui l’environne ont tiré leur nom. Son frère jumeau eut en partage l’extrémité de l’île la plus voisine des colonnes d’Hercule. Il se nommait, dans la langue du pays, Gadirique, c’est-à-dire, en grec, Eumèle ; et c’est de lui que le pays prit le nom de Gadire. Il appela les enfants des secondes couches, Amphère et Euémon ; et ceux des troisièmes, Mnésée et Autochtone ; dans le quatrième couple de jumeaux, l’aîné fut nommé Élasippe, et le second, Mestor ; enfin les derniers étaient Azaès et Diaprépès. Les fils de Neptune et leurs descendants demeurèrent dans ce pays pendant une longue suite de générations, et leur empire s’étendait sur un grand nombre d’autres îles, et même en deçà du détroit, comme nous l’avons déjà dit, jusqu’à l’Égypte et la Tyrrhénie. La postérité d’Atlas se perpétua toujours vénérée ; le plus âgé de la race laissait le trône au plus âgé de ses descendants, et ils conservèrent ainsi le pouvoir dans leur famille pendant un grand nombre de siècles. Ils avaient amassé plus de richesses qu’aucune royale dynastie n’en a possédé ou n’en possédera jamais ; enfin, ils avaient en abondance dans la ville et dans le reste du pays tout ce qu’ils pouvaient désirer. Bien des choses leur venaient du dehors, à cause de l’étendue de leur empire ; mais l’île produisait elle-même presque tout ce qui est nécessaire à la vie ; d’abord tous les métaux solides et fusibles ; et ce métal même dont nous ne connaissons aujourd’hui que le nom, l’orichalque était alors plus qu’un vain nom ; on en trouvait des mines dans plusieurs endroits : après l’or, c’était le plus précieux des métaux. L’île fournissait aux arts tous les matériaux dont ils ont besoin. Elle nourrissait un grand nombre d’animaux domestiques et de bêteset de bêtes sauvages, entre autres des éléphants en grande quantité, et elle donnait leur pâture aux animaux des marais, des lacs et des fleuves, à ceux des montagnes et des plaines, et aussi à l’éléphant, tout énorme et tout vorace qu’il est. Elle produisait et entretenait tous les parfums que la terre porte aujourd’hui dans diverses contrées, racines, herbes, plantes, sucs découlant de fleurs ou de fruits. On y trouvait aussi le fruit que produit la vigne, celui qui nous sert de nourriture solide, avec tous ceux que nous employons en guise de mets, et dont nous désignons toutes les espèces par le nom commun de légumes ; ces fruits ligneux qui offrent à la fois de la boisson, de la nourriture et des parfums ; ces fruits à écorce, difficiles à conserver, et qui servent aux jeux de l’enfance ; ces fruits savoureux que nous servons au dessert pour réveiller l’appétit quand l’estomac est rassasié ; tels sont les divins et admirables trésors que produisait en quantité innombrable cette île qui florissait alors quelque part sous le soleil. Avec ces richesses que le sol leur prodiguait, les habitants construisirent des temples, des palais, des ports, des bassins pour les vaisseaux ; enfin, ils achevèrent d’embellir leur île dans l’ordre que je vais dire.
Leur premier soin fut de jeter des ponts sur les fossés qui entouraient l’ancienne métropole, et d’établir ainsi des communications entre la demeure royale et le reste du pays. Ils avaient de bonne heure élevé ce palais à la place même qu’avaient habitée le Dieu et leurs ancêtres. Les rois qui le recevaient tour à tour en héritage ajoutaient sans cesse à ses embellissements, et s’efforçaient de surpasser leurs prédécesseurs ; et ils firent tant qu’on ne pouvait voir, sans être stupéfait d’admiration, la grandeur et la beauté de leurs travaux. Ils creusèrent d’abord, depuis la mer jusqu’à l’enceinte extérieure, un canal de trois arpents de largeur sur cent pieds de profondeur et cinquante stades de longueur ; et pour qu’on pût y entrer, en venant de la mer, comme dans un port, ils lui laissèrent une embouchure navigable aux plus grands vaisseaux. Puis, dans les digues qui séparaient entre eux les fossés, ils percèrent, à côté des ponts, des tranchées assez larges pour le passage d’une seule trirème ; et, comme de chaque côté de ces tranchées les digues s’élevaient à une assez grande hauteur au-dessus de la mer, ils jetèrent d’un bord à l’autre des toits qui permirent aux vaisseaux de naviguer à couvert. Le plus grand des fossés circulaires, celui qui communiquait avec la mer, avait trois stades de large ainsi que l’enceinte de terre qui venait après lui. Les deux enceintes suivantes, l’une d’eau, l’autre de terre, avaient chacune deux stades, et la dernière, celle qui entourait l’île, n’avait qu’un stade de largeur ; enfin l’île elle-même où se trouvait le palais, avait un diamètre de cinq stades. Ils revêtirent d’un mur de pierres le pourtour de l’île, les digues circulaires, et les deux côtés de la tranchée qui avait un arpent de largeur ; et ils établirent des tours et des portes à l’entrée des voûtes sous lesquelles on avait livré un passage à la mer. On se servit, pour ces constructions, de pierres blanches, noires et rouges que l’on tira des flancs mêmes de l’île et des deux côtés intérieurs et extérieurs des digues ; et, tout en exécutant ces fouilles, on creusa pour les navires, dans l’intérieur, deux bassins profonds, auxquels le rocher lui-même servait de toit. Parmi ces constructions, les unes étaient formées d’une seule espèce de pierres ; et, afin de donner aux autres leur ornement naturel, on avait mélangé les couleurs pour le plaisir des yeux. On recouvrit d’airain, en guise d’enduit, tout le mur de l’enceinte extérieure ; d’étain la seconde enceinte, et les bords de l’île d’une ceinture d’orichalque qui étincelait comme du feu. Je vais décrire maintenant le palais des rois qui s’élevait dans l’Acropolis. Au milieu était le temple sacré de Clito et de Neptune, redoutable sanctuaire entouré d’une muraille d’or. C’est là qu’ils avaient engendré et mis au monde les dix chefs des dynasties royales ; et c’est là aussi que chaque année les dix provinces de l’empire faisaient à ces deux divinités l’offrande de leurs prémices. Le temple de Neptune était long d’un stade, large de trois arpents, et haut à proportion ; mais son aspect avait quelque chose de barbare. Tout l’extérieur du temple était revêtu d’argent, excepté les acrotères qui étaient d’or ; à l’intérieur, la voûte était recouverte d’ivoire, enrichi d’or et d’orichalque. Tout le reste des murs et des colonnes et les pavés du temple étaient recouverts d’orichalque. On voyait de nombreuses statues d’or. Le dieu, du haut de son char, guidait six coursiers ailés, et il était si grand que sa tête touchait la voûte du temple. Autour de lui, cent néréides étaient assises sur des dauphins ; on croyait alors que c’était là le nombre de ces divinités. Il y avait encore beaucoup d’autres statues offertes par la piété des particuliers. Autour du temple étaient les statues en or de tous les rois et de toutes les reines descendant des dix enfants de Neptune, et beaucoup d’autres dons offerts par les rois et les citoyens, soit de la ville elle-même, soit des pays qui lui étaient soumis. L’autel était d’une grandeur et d’un travail digne de ces merveilles ; et tout le palais répondait à la grandeur de l’empire et à la richesse des ornements du temple. Deux sources intarissables, l’une froide et l’autre chaude, toutes deux admirables par l’agrément et la salubrité de leurs eaux, fournissaient à tous les besoins. Alentour, on avait élevé des maisons et planté les arbres qui se plaisent au bord des eaux. Il y avait pour le bain des bassins découverts et d’autres fermés pour l’hiver ; il y en avait pour les rois et pour les particuliers ; d’autres séparés pour les femmes, d’autres aussi pour les chevaux et les bêtes de somme ; chacun d’eux était disposé et décoré suivant sa destination. Au sortir de ces bains, une partie de l’eau allait arroser le bois de Neptune, où la fertilité du terrain produisait des arbres d’une hauteur et d’une beauté surprenante ; le reste se rendait dans les digues extérieures par des aqueducs pratiques sur les ponts. Sur ces digues qui formaient des îles, il y avait des temples consacrés à un grand nombre de dieux, des jardins, des gymnases dans l’une, des hippodromes dans l’autre. Il y avait surtout au milieu de la plus grande de ces îles un vaste hippodrome d’un stade de large, et quant à la longueur la carrière livrée aux chevaux faisait tout le tour de l’île. Des deux côtés s’élevaient des casernes pour le gros de l’armée ; les troupes sur lesquelles oncomptait davantage avaient leurs quartiers dans la digue la plus petite et la plus voisine de l’Acropolis ; enfin une élite dévouée demeurait dans l’Acropolis même, autour de leurs rois. Les bassins étaient couverts de trirèmes et garnis avec un ordre parfait des instruments et des provisions nécessaires. Telles étaient les dispositions autour du palais des rois. Au delà des trois enceintes et des ports qu’elles formaient était un mur circulaire commençant à la mer, et qui, suivant le tour de la plus grande enceinte et de son port, à une distance de cinquante stades, venait fermer au même point l’entrée du canal du côté de la mer. Cet intervalle était rempli d’une foule d’habitations rapprochées les unes des autres. Le canal et le plus grand port étaient couverts de navires et de marchands qui arrivaient de tous les pays du monde, et dont la foule produisait la nuit et le jour un mélange de tous les langages et un tumulte continuel.
Je crois, dans mon récit, n’avoir rien omis de ce que la tradition nous raconte de cette ville et de cette antique résidence. Maintenant je vais tâcher de vous donner une idée de ce que la nature et l’art avaient fait pour le reste de l’île. D’abord on dit que le sol était très élevé au-dessus de la mer, et le rivage à pic. Tout autour de la ville régnait une plaine entourée elle-même d’un cercle de montagnes qui s’étendaient jusqu’à la mer ; sa surface était unie et régulière, sa forme oblongue ; elle avait d’un coté trois mille stades, et, depuis le centre jusqu’à la mer, au-dessus de deux mille. Toute cette partie de l’île était située au midi, et protégée contre le vent du nord. Les montagnes qui l’entouraient surpassaient, à ce que dit la renommée, en nombre, en grandeur et en beauté toutes celles qu’on peut voir aujourd’hui. Elles renfermaient un grand nombre de villages fort riches et fort peuplés. Elles étaient arrosées par des lacs et des rivières et couvertes de prairies qui fournissaient d’excellents pâturages aux animaux sauvages ou domestiques. Des forêts nombreuses et de toute espèce offraient à tous les arts des ressources variées pour toutes sortes d’ouvrages. Voilà ce que la nature et les soins prolongés d’un grand nombre de rois avaient fait de cette heureuse plaine. Elle avait la forme d’un carré long, et ses cotés étaient presque partout réguliers ; dans les endroits où la régularité n’était pas parfaite, on avait corrigé la nature en traçant le fossé qui entourait la plaine. Quant à la profondeur, à la largeur et à la longueur de ce fossé, ce qu’on en dit rend difficile à croire qu’un pareil travail, comparé aux autres travaux de ce genre, ait été fait de main d’homme. Je vous répéterai cependant ce que j’en ai entendu raconter. Il avait un arpent de profondeur ; il était partout large d’un stade, et sa longueur embrassait toute la plaine et avait dix mille stades. Il recevait toutes les eaux qui découlaient des montagnes, et décrivant un cercle autour de la plaine, ses deux extrémités aboutissaient à la ville, et de là il allait se décharger dans la mer. D’un des cotés de ce fossé en partaient d’autres de cent pieds de large, qui coupaient la plaine en ligne droite, et s’allaient jeter dans le fossé voisin de la mer ; ils étaient séparés les uns des autres par des intervalles de cent stades ; d’autres fossés qui coupaient les premiers transversalement et se dirigeaient vers la ville, servaient à y transporter le bois des montagnes et les autres productions du pays, suivant les saisons. Il y avait tous les ans deux récoltes, parce que la terre était fécondée l’hiver par les pluies qu’y envoyait Jupiter, et arrosée l’été par l’eau qu’on tirait des canaux. Quant au service militaire et au contingent que devaient fournir les habitants de la plaine en état de porter les armes, on avait réglé que chaque division élirait et fournirait un chef. Ces divisions avait chacune cent stades, et on comptait soixante mille divisions. Les habitants des montagnes et des autres parties de l’empire étaient, dit-on, innombrables. On les divisa également, suivant les localités et les habitations, en divisions particulières, ayant chacune leur chef. Chacun des chefs contribuait pour la dixième partie d’un chariot afin de maintenir le nombre des chars de guerre à dix mille. Il fournissait en outre deux chevaux avec leurs cavaliers, un attelage de deux, chevaux sans le char, un combattant armé d’un petit bouclier, un autre pour conduire les chevaux, deux fantassins pesamment armés, deux archers, deux frondeurs, deux fantassins armés à la légère, puis des soldats armés de pierres, d’autres de javelots, trois de chaque espèce, et quatre marins pour la flotte de douze cents voiles. Telle était l’organisation militaire de la capitale. Quant aux neuf autres provinces, comme elles avaient chacune leurs institutions particulières, il serait trop long de vous en parler. Voilà de quelle manière la magistrature et l’administration étaient réglées dans l’origine. Chacun des dix rois avait dans sa province un pouvoir absolu sur les hommes et sur la plupart des lois ; il pouvait infliger à son gré toute espèce de peine et même la mort. Quant au gouvernement général de l’île et aux rapports entre les rois, leur règle était la volonté de Neptune, conservée dans la loi et gravée par les premier rois sur une colonne d’orichalque qui se trouvait au milieu de l’île dans le temple de Neptune. Ils se rassemblaient tour à tour au bout de cinq ans, et ensuite au bout de six ans, pour faire alterner le nombre pair et le nombre impair. Dans cette assemblée, ils délibéraient sur les affaires publiques, examinaient si l’un d’eux avait violé la loi, et le jugeaient. Lorsqu’ils avaient un jugement à prononcer, voici comment ils s’assuraient de leur foi mutuelle. On laissait errer en liberté des taureaux dans le temple de Neptune ; et les dix rois, après avoir prié le dieu de choisir la victime qui lui convenait, allaient seuls à la chasse sans autre arme que des bâtons et des cordes ; quand ils avaient pris un des taureaux, ils ramenaient jusqu’à la colonne, le plaçaient sur son sommet, et l’égorgeaient suivant la règle prescrite par les inscriptions. Or, la colonne portait, outre les lois, un serment et des imprécations terribles contre celui qui les violerait. Lorsqu’ils avaient achevé le sacrifice et consacré suivant les rites tous les membres de la victime, on remplissait une coupe du sang répandu, en ayant soin d’y verser une goutte au nom de chacun des rois. Le reste était brûlé et on purifiait la colonne. Après cela, ils puisaient dans la coupe avec des fioles d’or, et en répandant une partie sur le feu juraient de juger d’après les lois écrites sur la colonne, de punir celui qui les aurait violées, de ne jamais s’écarter volontairement de leurs prescriptions, de ne gouverner eux-mêmes et de n’obéir qu’à celui qui gouvernerait suivant les ordres de leur père. Après avoir prononcé ces imprécations sur eux et sur leurs descendants, ils buvaient ce que contenaient leurs fioles et allaient les déposer dans le sanctuaire du dieu. Ensuite venaient le repas et les autres cérémonies nécessaires. À la nuit, quand le feu du sacrifice était éteint, ils se couvraient chacun d’une belle robe azurée, s’asseyaient à terre auprès des restes consumés du sacrifice, éteignaient partout le feu dans le temple, et se disposaient à prononcer leur sentence ou à la subir, si quelqu’un d’entre eux était accusé d’avoir violé les lois. Au lever du jour, ils inscrivaient leurs jugements sur des tables d’or qu’on suspendait avec les robes aux colonnes du temple, pour servir de monument à la postérité. Il y avait beaucoup d’autres lois qui se rapportaient à chacun des rois : voici les principales. Il leur était défendu de porter les armes les uns contre les autres, et tous devaient se réunir contre celui qui aurait tenté de chasser de ses États l’une des races royales. Ils devaient se rassembler comme leurs ancêtres pour délibérer en commun sur la guerre et les autres affaires importantes, en laissant toutefois l’autorité principale à la branche directement issue d’Atlas. Le chef suprême ne pouvait condamner à mort l’un de ses parents sans le consentement de la majorité des autres rois.
Telle était la formidable puissance qui s’était élevée dans ce pays, et que la Divinité dirigea contre nous pour la cause que je vais vous dire. Pendant plusieurs générations, tant que les habitants de l’Atlantide conservèrent quelque chose de leur extraction divine, ils obéirent aux lois, et respectèrent le principe divin qui leur était commun à tous ; leurs âmes, attachées à la vérité, ne s’ouvraient qu’à de nobles sentiments ; leur prudence et leur modération éclataient dans toutes les circonstances et dans tous leurs rapports entre eux. Ne connaissant d’autres biens que la vertu, ils estimaient peu leurs richesses, et n’avaient pas de peine à considérer comme un fardeau l’or et la multitude des avantages du même genre. Au lieu de se laisser enivrer par les délices de l’opulence et de perdre le gouvernement d’eux-mêmes, ils ne s’écartaient point de la tempérance ; ils comprenaient à merveille que la concorde avec la vertu accroît les autres biens, et qu’en les recherchant avec trop d’ardeur, on les perd, et la vertu avec eux. Tant qu’ils suivirent ces principes et que la nature divine prévalut en eux, tout leur réussit, comme je l’ai raconté ; mais quand l’essence divine commença à s’altérer en eux pour s’être tant de fois alliée à la nature humaine, et que l’humanité prit le dessus, incapables de supporter leur prospérité, ils dégénérèrent ; et dès lors ceux qui savent voir purent reconnaître leur misère et qu’ils avaient perdu le meilleur de leurs biens ; tandis que ceux qui ne peuvent apprécier ce qui fait le vrai bonheur, les crurent parvenus au comble de la gloire et de la félicité, lorsqu’ils se laissaient dominer par l’injuste passion d’étendre leur puissance et leurs richesses. Alors Jupiter, le dieu des dieux, qui gouverne tout selon la justice, et à qui rien n’est caché, voyant la dépravation de cette race, autrefois si vertueuse, voulut les punir pour les rendre plus sages et plus modérés. Il rassembla tous les dieux dans le sanctuaire du ciel, placé au centre du monde, d’où il domine tout ce qui participe de la génération ; et lorsqu’ils furent tous réunis, il dit :" (Critias NdT)

[Ici l'histoire de Platon se termine brusquement.]






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